L'INGENtUM CflEZ GRACIAN ET VICO
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précisément cette absence de systématicité, ou plutòt cette forme nou-
velle, qui permet selon Grassi et Hidalgo-Sema de donner une force poé-
tique et «conceptuelle» à Graciàn et Vico. La question de
Xingenium
se
trouve à l’intersection de cette approche, dans la mesure où c’est gràce
à un tei concept que nos deux auteurs sont capables de développer une
forme nouvelle de pensée
Pour illustrer ce point, on pourrait ici reprendre une remarque d’Emi-
lio Lledó:
E1 estilo de Graciàn es, por consiguiente, un dato objectivo mas que nos
ofrece su pensamiento mismo, y no una estructura superpuesta con que di-
sfrazarse y encubrirse. Esa identificación de una cierta forma literaria y su
contenido, alcanza en Graciàn su momento màximo y es, por eso, clave in-
dispensable para su interpretación18.
et Lledó d ’ajouter plus loin:
Entre los varios puntos de vista desde los que el estilo de Graciàn pue-
de ser estudiado, habna que destacar aquel en que el autor realiza con el len-
guaje la misma operación que a través de él, va a realizar con la realidad. Està
operación consiste en una
critica
y
destrucción
del lenguaje mismo, con lo
que comienza la parte màs positiva de la obra de Graciàn y el aspecto màs
revolucionario de su empresa intelectual19.
L’approche d ’E. Lledó semble ici s’aligner sur les lectures récentes de
Graciàn qui voient en lui non pas une approche simplement littéraire20,
mais une pensée véritablement philosophique fonctionnant sur une syn-
thèse intégrant des perspectives littéraires, épistémologiques et poli-
tiques. Cette synthèse ne constitue en rien une faiblesse de la pensée de
Graciàn, mais au contraire sa force mème. Cette idée est applicable éga­
lement à la critique actuelle de Vico21 qui voit dans la forme très parti-
culière de la
Scienza nuova
, non pas une faiblesse propre au système de
Vico, mais un choix philosophique et rhétorique lié au projet scientifique
entrepris par le penseur napolitain. Ainsi, aussi bien Graciàn que Vico
18 E.
L le d ó ,
Lenguaje y mundo literario en
El Criticón
de Graciàn
, in
I
d
.,
Imàgenes y pa-
labras,
Madrid, 1998, p. 311.
19
Ibid.,
p. 314.
20 Pour un exemple d ’approche purement littéraire de Graciàn, voir les analyses de M.
MENÉNDEZ Y P
elayo
,
Historia de las ideas esteticas en Espana,
in
I
d
.,
Obras completas,
II,
Ma­
drid, 1950. Sur une telle lecture, voir les remarques de E.
HiDALGO-SERNA,
El pensamiento
ingenioso en Baltasar Graciàn,
cit., pp. 52 ss.
21 Sur ce point, voir en particulier les remarques d’A.
BATTISTINI,
La degnità della retori­
ca. Studi su G. B. Vico,
Pisa, 1975.
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